Aujourd’hui en France, on se forme pour tout, on se prépare à tout mais certainement pas à échouer. Pourtant, nos vies sont une succession de réussites et d’échecs. Nos vies sont émaillées de moments où l’on célèbre les victoires et où l’on tait les défaites. Difficultés scolaires, concours ratés, levées de fonds non concluantes, compétitions perdues, lancements de produit avortés... les échecs prennent des formes diverses et participent à notre construction. Les échecs font de nous ce que nous sommes. Nous ne devons pas en avoir peur.
POURTANT, SI OUTRE-ATLANTIQUE L’ÉCHEC EST VALORISÉ, LA CULTURE FRANÇAISE, ELLE, ENLÈVE TOUTE CRÉDIBILITÉ À CELLE OU CELUI QUI ÉCHOUE. CELA NE DEVRAIT PLUS ÊTRE LE CAS.
Ne pas idéaliser l’échec
Échouer, c’est bien et parfois nécessaire. Mais rebondir, c’est mieux. On se souvient de la célèbre formule de Samuel Beckett "Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux."
Ainsi, s’il faut en finir avec le dénigrement de l’échec, il ne faut pas non plus échapper à ses responsabilités et à son examen de conscience. Dans le cas contraire, cet échec n’aura servi à rien. Il ne faut pas non plus se déresponsabiliser et justifier, sous prétexte que l’échec est une vertu positive, des erreurs évitables voire répétées.
Échouer n’est pas une excuse. Échouer est ce qui offre la possibilité de comprendre ses erreurs.
Quand un échec se transforme en succès
L’entrepreneuriat, les sciences ou encore les arts regorgent d’exemples de personnalités qui ont connu l’échec avant le succès.
Albert EINSTEIN s’est vu refuser l’entrée à l’École Polytechnique fédérale de Zurich une première fois. Mais il retenta l’examen l’année suivante et obtiendra plus tard son doctorat. Enfant, il était jugé comme un cancre et pourtant il révolutionna son domaine d’expertise pour même obtenir le Prix Nobel de physique en 1921. Billes GATES a arrêté ses études à Harvard. Sa première entreprise - Traf-O-Data - a fait faillite. Pourtant, des années plus tard, il deviendra le plus grand philanthrope de la planète grâce au succès de Microsoft. Dans le monde des arts, l’histoire retient que Marcel PROUST a essuyé de nombreux refus pour la publication de son manuscrit Du côté de chez Swann. Fasquelle, la NRF, Ollendorff... il a fallu que l’auteur de « A la recherche du temps perdu » propose son roman à compte d’auteur auprès de Grasset pour qu’il devienne finalement un succès.
Tous ont suivi leur instinct et leurs convictions, sûrs de ce qu’ils avaient à apporter au monde.
Plaider pour le droit à l’échec
Au début des années 80, la Suisse a perdu les deux tiers des emplois de l’industrie horlogère. Les Japonais envahissaient le marché avec leurs montres à Quartz. Casio et Seiko proposaient une technologie révolutionnaire et tout un secteur industriel se retrouvait au pied du mur.
C’est donc en 1983 que Nicolas HAYEK lança la Swatch, une montre devenue culte, un concentré de l’horlogerie suisse dans un enrobage pop. Ce nouveau produit était l’une des réponses à la crise du Quartz née au début des années 70. On connait la suite de l’histoire pour l’avoir eu à notre poignée.
Pour Nicolas Hayek "Le droit à l’erreur devrait être inscrit dans la Constitution ! Il faut revendiquer le droit à l’échec pour chacun d’entre nous. Sans lui, [il] n’aurait jamais osé lancer la Swatch, ni garder toutes ces sociétés horlogères qu’on [lui] conseillait de fermer quand les Japonais inondaient le marché".