Conçue par le chercheur Christophe Lavelle, l’exposition « Je mange donc je suis » vous fait découvrir les aspects biologiques, culturels et écologiques de notre alimentation.
Le Musée de l’Homme, temple de l’anthropologie, se penche sur le sujet éminemment commun à toute l’humanité : l’alimentation. En effet, si le « Cogito ergo sum » (je pense donc je suis) est consubstantiel de l’histoire de l’Homme, sa nourriture reste la substance indispensable à sa vie comme à son évolution.
« Je mange donc je suis » restitue au plus grand nombre les recherches menées par les scientifiques dans des domaines aussi variés que la formation du goût, les manières de table, les modèles agricoles, les patrimoines culinaires, les ogm, l’alimentation de nos ancêtres. vous y découvrirez également la très française gastrodiplomatie : « donnez-moi de bons cuisiniers, disait talleyrand à l’empereur, je vous ferai de bons traités ».
Au commencement était le verbe ...
et les chasseurs cueilleurs !
Savez-vous que le Paléolithique représente 99,5 % de l’aventure de notre espèce ? Nous sommes donc le fruit de cette longue « histoire alimentaire » faite d’innovations, comme l’outil et le feu, mais aussi des adaptations à des aliments dont la consommation a façonné en partie notre anatomie et notre patrimoine génétique.
Notre espèce s’est nourrie en prélevant dans son environnement les ressources dont elle avait besoin. Qu’elle soit végétale ou animale, cette nourriture était sélectionnée pour ses qualités nutritives et gustatives.
Bouche bée devant une mandibule parfaitement conservée, et vieille de 430 000 ans, nous passons à table avec l’Homme de Néandertal.
Dans « son assiette » de la viande et surtout de la moelle osseuse. Substantifique ! Mais au fait, comment le sait-on ? Figurez-vous que c’est grâce à leurs dents et particulièrement au tartre laissé involontairement à la postérité par nos ancêtres que nous savons aujourd’hui ce que mangeait Néandertal.
Faire à manger,
faire société
Le deuxième acte de l’exposition aborde l’alimentation du point de vue des sociétés humaines dans ses dimensions identitaires, politiques et artistiques.
La nourriture est un motif qui traverse l’histoire de l’art, et notamment dans la nature morte. La cuisine développe une esthétique visuelle de couleurs, de textures et de formes. Elle est une source pour créer et nourrir l’imaginaire et l’esprit.
En 2014, Gilles Barbier crée La grande fontaine de chocolat. Cette œuvre revisite les natures mortes flamandes du XVIIe siècle. Ce festin de chocolat propose une réflexion sur le mouvement de la vie et du temps, entre voluptés gourmandes et annonce du pourrissement proche de ces biens consommables. Gilles Barbier nous déstabilise avec malice pour mieux nous renvoyer à l’absurdité, parfois, de notre société de consommation.
La cuisine sacerdoce
Se nourrir est un besoin, savoir manger est un art, écrivait Rabelais.
Plus près de nous, l’exposition nous invite à la table de Marie-Antoine Carême dit Antonin Carême. Il est la grande figure de la haute cuisine française du XIXe siècle. Maître incontesté des buffets monumentaux et des grandes pièces, dans toutes ses créations, il recherche l’élégance et l’harmonie des proportions et des couleurs. Il conjugue l’esthétique de la table à la finesse de la cuisine.
Aujourd’hui encore, ses recettes, ses pâtisseries, ses méthodes et la célèbre toque sont les archétypes de la gastronomie française et internationale.